L'Alsace ne se contente pas de posséder une collection d'orgues exceptionnelle : elle fédère à présent tous les
passionnés de cet instrument pour renforcer sa promotion.
Les orgues sont une des grandes fiertés de l'Alsace, mais sont-elles bien connues des Alsaciens ? "Elles les ont mal, car perchées sur des tribunes" constate André Metzger. "Un jour, un jeune m'a même dit qu'elles étaient planquées dans des greniers...". Il suffit pourtont de lever les yeux pour voir que ces "greniers" n'ont rien de poussiéreux : ce sont souvent, au contraire, des pièces d'architecture éblouissantes. Et de dresser les oreilles pour saisir le potentiel émotionnel que recèlent ces mécaniques monumentales.
Ancien organiste directeur de chorale à Issenheim, André Metzger consacre aujourd'hui toute son énergie à faire en sorte que ce patrimoine soit reconnu à sa juste valeur. Il préside deux associations qui n'en feront bientôt qu'une :DOA (Découverte des orgues d'Alsace) 68 et DOA67. En septembre prochain, à l'occasion des Journées du patrimoine (voir ci dessous), sera officialisée la création d'une structure régionale (la DOA, tout simplement), chapeautant les deux structures départementales.
Surmontant vaillamment chapelles et susceptibilités, la DOA68 a été créée en juillet 2000 et la DOA67 en novembre 2005. Ensemble, elles fédèrent 46 assosiations "d'amis" d'orgues alsaciens (20 sites du Bas-Rhin, 26 du Haut-Rhin). "C'est le conseil régional qui a suggéré ces regroupements car tout le monde venait frapper à sa porte en ordre dispersé...", raconte André Metzger. Pour obtenir aujourd'hui le label DOA, il faut satisfaire à deux conditions : "Une association dynamique, avec un peu d'expérience, et un orgue dans un état tel qu'on puisse donner des concerts de qualité". C'est cette deuxième exigence qui oblige actuellement l'association veillant sur l'orgue du temple Saint-Etienne de Mulhouse à patienter dans l'antichambre de la DOA, dans l'attente de la restauration de l'instrument.
L'existence de la DOA permet d'harmoniser les programmations musicales, en évitant les doublons, au niveau des dates comme des interprètes. Mais la structure ne s'occupe pas que des concerts. Pour assurer au mieux la promotion de l'orgue alsacien, elle tend à rassembler sous sa bannière tout le beau monde qui lui est attaché : en plus des associations, elle comprend les experts du diocèse et des Monuments historiques, les deux grandes écoles d'orgues régionales, le centre national des apprentis facteurs d'orgues d'Eschau (unique en France) et le Centre Européen de l'orgue (CEO) de Marmoutier. Ce musée situé dans une ancienne abbaye bénédictine à vocation, explique André Metzger, à dévenir d'ici un an "la vitrine et le centre administratif" de la DOA