News
Contact
Visiteurs
Visiteurs
DOA
L'orgue Stiehr/Jaquot de Wisches (1859-1873)
Orgue Stiehr/Jaquot de Wisches

Historique

Le magnifique orgue de Wisches, incontestablement l'un des chef-d'oeuvre de la maison STIEHR Frères, a été reçu en 1859.Il n'avait alors que deux claviers : le troisième a été construit par Théodore JAQUOT.

L'année 1859, se situe probablement au coeur de l'âge d'or de la Maison Ferdinand et Xavier Stiehr. L'orgue de Wisches tient une place de choix dans le patrimoine de la vallée de la Bruche.

Le conseil municipal de Wisches se consacra à l'élaboration d'un premier projet en 1841. Mais ce n'est que le 08/11/1857 que l'opération fut relancée, et un devis fut proposé par les Frères Stiehr en Avril 1858 : 30 Jeux, deux Manuels et une Pédale de 18 notes. Il fallut d'abord s'occuper de la Tribune, et en cours de réalisation, le devis fut complété avec un "Jeux anglais" - en fait un Basson/Cor anglais 8'. L'instrument fut reçu - avec éloges - le 17/09/1859 par les experts DUBOIS (Schirmeck) et LIEHRMANN (Illkirch), ainsi que EBLE (Muhlbach), désigné par les facteurs.

Le dessin du Buffet a déjà été vu chez STIEHR, à Zillisheim par exemple 4 Tourelles disposées comme les CALLINET (les deux du centre plus petites), mais avec le haut des Plates-faces rectiligne. Le Positif a un dessin plus spécifique, en raison de l'importante largeur de sa Plate-face centrale.

Wisches pensa toutefois très vite à "améliorer" son orgue, et ce dès que le premier entretien s'avéra nécessaire (03/07/1870) : L'orgue de Wisches a été visité par M. Jean Pierre de Rambervilliers, et il a reconnu qu'une dépense de 3000 Frs était indispensable pour le restaurer. Cette restauration consiste à nettoyer et réparer tous les jeux et changer la soufflerie et la pédale.

Jean Pierre voulait ajouter un récit, transformer la soufflerie, et ajouter une Machine Barker.

Cette "restauration" (mot qui avait à l'époque un sens à peu près opposé à celui qu'il a aujourd'hui) a sûrement été retardée à cause de la guerre. Il est fort probable que l'affaire ait surtout été destinée à donner du travail à Jean Pierre car, à 11 ans, un orgue Stiehr était encore en parfait état (un dépoussiérage aurait sûrement suffi), et ne pouvait justifier de tels travaux.

En 1873,l'instrument fut finalement complété avec un Récit Expressif par Nicolas Théodore JAQUOT (1835-1918), gendre de Jean-Nicolas II JEANPIERRE (1811-1873). C'est donc Théodore Jaquot, élève de Joseph MERKLIN, et non Jeanpierre, qui a effectué le travail et signé toutes les pièces attestant de l'origine.

L'adjonction du Récit, beaucoup plus "romantique parisien" que Lorrain, a été accompagnée d'une retouche de l'harmonie : le Diapason passa au La 435 Hz, ce qui donna l'occasion de réaliser des Entailles de timbre sur le reste de la tuyuterie (sinon, l'instrument aurait été vraiment trop composite).

Au lieu du Cor anglais prévu par le projet, Jaquot plaça dans son Récit le Basson de Stiehr complété par un dessus de Hautbois. Au grand-orgue, il transforma le Dessus de Cor anglais de Stiehr en Clairon harmonique, et compléta logiquement le Jeu par une Basse de Clairon (qui resta coupé en Basse+Dessus). Ce Récit complet est le seul travail connu de Jaquot en Alsace. Le dernier travail connu de Jeanpierre en Alsace, reste donc celui de Natzwiller. La Machine Barker, au Grand-orgue (avec les Soufflets curieusement placés verticalement) permit des Accouplements I/II, III/II, II/II en octave graves. Et... la Pédale fut laissée à 18 notes.

L'orgue Stiehr/Jaquot fut régulièrement entretenu, mais certainement fragile mécaniquement : il a été réparé en 1896 (probablement un démontage/remontage pour cause de travaux dans le clocher) par Louis MOCKERS, en 1909 (Aloïse LORENTZ), et 1911 (Louis Mockers).

En 1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes.

C'est en 1925 qu'Edmond-Alexandre ROETHINGER remplaça la façade (en étain). A une date indéterminée, l'orgue a perdu la Tierce du Cornet et un rang de la Fourniture.

En 1928, l'instrument était en fort mauvais état, et une réparation eut lieu en 1938, par François KRIESS.

Dans la seconde moitié des années 1960, le grand orgue, qui n'était plus conforme aux canons esthétiques du moment, et qui souffrait surtout du rédhibitoire défaut de se situer en Tribune, fut progressivement laissé à l'abandon. Un projet d'orgue de choeur fut élaboré (Alfred KERN), puis abandonné. Et après de nombreux atermoiements mâtinés de fausses bonnes idées, un "orgue" électronique fut installé. On en mesurera les conséquences : le magnifique instrument Stiehr/Jaquot, unique en son genre, est resté muet entre 1968 et 2002.

Il a - de fait - été pratiquement saboté en 1968 (ventilateur mis hors d'usage) (ici comme ailleurs on a justifié les errements électroniques comme on a pu : toujours avec un mélange de mauvaise foi et de bonne conscience, éventuellement avec des méthodes conférant au vandalisme). Les conséquences de cet abandon, sur la mécanique assez fragile et sur la tuyauterie ont été fortes (tuyaux affaissés, fuites dans les Sommiers).

L'orgue de Wisches fut sorti de l'oubli grâce au mémoire de maîtrise de musicologie de Thierry HASSLER, en 1990. En 1996 a été constituée l'Association pour la Restauration de l'Orgue de Wisches (AROW). Wisches, le 18/05/2003, jour de l'inauguration L'étude préalable à la restauration a été menée par Marc SCHAEFER, technicien-conseil auprès des Monuments historiques. La Maîtrise d'oeuvre a alors été confiée à Christian LUTZ, alors que Gilbert POINSOT s'occupait du Buffet et de la Tribune (elle aussi classée). Heureusement, c'est bien la remise en l'état de 1873 qui a été visée, avec un complément de Pédale et une Tirasse Grand-Orgue (Commission Supérieure des Monuments Historiques du 10/06/1999).

La Manufacture bretonne d'orgues de Nicolas TOUSSAINT (Nantes), associée à Jean-Pascal VILLARD (Thenezay) a effectué les délicats travaux de restauration. Tous les ajouts ont été réalisés de façon "réversible".

Le Dimanche 18/05/2003, l'orgue a été inauguré par Daniel ROTH, avec une présentation des jeux par Christian LUTZ, le récital étant introduit par Thierry HASSLER. Le programme s'est conclu par une improvisation sur deux thèmes de saison : "O filii et filiae" et "C'est le mois de Marie".


Vue de la console Vue de la console

La composition

Positif de dos
54 notes
Grand-orgue
54 notes
Récit expressif
54 notes
Pédale
30 notes
Montre 8' Bourdon 16' Flûte harmonique 8' Bourdon 16'
Bourdon 8' (B+D) Montre 8' Gambe 8' Fugara 16'
Flûte traverse 8' (D) Bourdon 8' Voix céleste 8' Flûte 8'
Salicional 8' Flûte majeure 8' Flûte octaviante 4' Gambe 8'
Flûte conique 4' Salicional 8' Basson/Hautbois 8' (B+D) Basson 16'
Dulciane 4' Gambe 8' Clarinette 8' Trompette 8'
Flageolet 2' Prestant 4' Voix humaine 8' Clairon 4'
Cromorne 8' Flûte 4' Trémolo II/P
Hautbois 8' (D) Fugara 4'
Tremblant doux Doublette 2'
Cornet 5 rgs (D)
Fourniture 4 rgs
Trompette 8'
Clairon 4' (B+D)
I/II
II/II (16')
III/II

Diapason : La 435 Hz (415 Hz à l'origine).
Mécanique : Suspendue, assistée au Grand-Orgue par une Machine Barker de Jaquot.
Sommiers à Gravures, d'origine, sauf celui du Récit qui est de Jaquot.
Le Positif a un tremblant doux, il y a un Trémolo romantique pour le Récit.
Enfin, il y a deux Appels d'Anches (Grand-orgue, la Fourniture étant actionnée aussi par cet appel et Pédale).


Les photographies sont l'œuvre de Christophe HAMM